Médecine physique et réadaptation fonctionnelle

La médecine physique et de réadaptation est appelée aussi médecine physique et de réhabilitation est une spécialité médicale très vaste qui assure la prise en charge thérapeutique des patients atteints d’un handicap congénital ou acquis c’est-à-dire la prise en charge des patients qui présentent une incapacité ou une invalidité. De ce fait, elle concerne toutes les tranches d’âges : enfant, adolescent, adulte, sujet âgé.

Elle contribue à la récupération de capacités fonctionnelles et participe à l’amélioration de la qualité de vie des malades atteints de malformations congénitales, de maladies dégénératives, inflammatoires, respiratoires, cardiaques, neurologiques, osseuses, articulaires, musculaires…

Elle prend en charge aussi les incapacités dues aux suites des interventions chirurgicales

La réadaptation est souvent décrite comme étant une spécialité très humaine car elle est axée sur le contact étroit et continue entre le médecin et le malade, avec comme objectif ultime le rétablissement d’une autonomie optimale permettant de confronter les besoins de la vie en minimisant les séquelles des différentes maladies et des accidents sur les différents plans : physique, fonctionnel, psychologique, professionnel et social.

Conserver la place du patient dans son milieu de travail et /ou assurer la réintégration sociale représente l’un des défis que le médecin et le patient sont ramenés à atteindre à la fin de toute rééducation…

Généralement, la prise en charge d’un patient nécessitant une réadaptation qui est faite par la collaboration entre plusieurs spécialistes selon des objectifs précis et un programme adéquat. Selon le cas, cette prise en charge est assurée par de multiples intervenants (médecin et personnel paramédical) : médecin généraliste, pédiatre, orthopédiste, ostéopathe, podologue, rhumatologue, plasticien, chirurgien, médecin du sport, médecin de travail, neurologue, cardiologue, interniste, pneumologue, cancérologue, diététicien, kinésithérapeute, ergothérapeute, orthophoniste, neuropsychologue, psychomotricien…

La prise en charge de ces patients se fait selon un programme adaptée à l’état clinique du patient et ceci soit en ambulatoire soit au cours d’un séjours dans une structure médicale avec une évaluation répétée et périodique.

Enfin, les thérapies non médicamenteuses contribuent de façon spectaculaire à l’amélioration des paramètres biologiques, organiques et restaurent les capacités fonctionnelles de l’homme d’où l’utilité d’une telle thérapeutique.

Comment se fait la prise en charge en médecine physique ? Et qu’elles sont les maladies traitées par le spécialiste en médecine physique et de réhabilitation ?

Les thérapies physiques sont plus efficaces que les traitements médicamenteux chaque fois que l’objectif du traitement est la récupération, le maintien ou les adaptations des aptitudes fonctionnelles des personnes.

Le bilan initial qui a pour objectif de faire le tour de toutes les spécificités de la maladie et du malade, permet l’établissement d’un protocole de soins personnalisé à fin de limiter l’évolution vers l’aggravation naturelle des troubles occasionnés par la maladie ou au mieux assurer une récupération des déficits.

Le médecin physique se base sur certains moyens dans l’évaluation de l’état clinique du patient (tests) avant de démarrer un programme de rééducation. Parmi ces moyens, on cite :

1) L’analyse des fonctions organiques cardio-vasculaires, pulmonaires, cérébrales vésico-sphinctériennes…
2) Evaluation des aptitudes locomotrices et de déambulation (test des 10 mètres, analyse quantitative et qualitative de la marche)
3) Le testing orthopédique et musculaire du corps entier (clinique ou instrumenté)
4) Evaluation des capacités de l’équilibration (posturographie, mesures de l’équilibration statique et dynamique, time up and go)
5) Evaluation de la tolérance aux efforts physiques (consommation maximale d’oxygène, test des 6 minutes)
6) Evaluation des aptitudes d’intégration cognitives (tâches cognitives de la vie quotidienne)

Le médecin physique utilise aussi un appareil appelé un dynamomètre iso-cinétique pour évaluer les différents paramètres physique du patient : la vitesse de mouvement, la force développée, l’amplitude et la position articulaire, la nature de la contraction musculaire, l’intensité et le volume de l’activité physique …

Il peut demander le compte rendu opératoire ou un résumé du dossier pour les malades opérés ou pour les malades qui souffrent d’une maladie chronique…

Par ailleurs, le médecin physique peut demander la réalisation de certaines explorations avant de démarrer un traitement spécifique comme : un bilan biologique, un bilan radiologique (radiographie, scanner, IRM..), une exploration fonctionnelle (une exploration fonctionnelle respiratoire (EFR), un électromyogramme, un électrocardiogramme, électroencéphalogramme, débitmètrie, potentiels évoqués…)

L’établissement d’un tel bilan pré-thérapeutique offre la possibilité au médecin physique de mieux choisir les protocoles de rééducation pour avoir des résultats optimums.

Le médecin physique assure la prise en charge de toutes les maladies qui nécessitent une rééducation comme :

1) Les maladies ostéo-articulaires, musculo-tendineuses et ligamentaires :
Entorse, fracture, rupture tendineuse, arthrose, les amputations de membre (supérieurs ou inférieurs), maladies inflammatoires aigus ou chroniques des articulations, les maladies de la colonne vertébrale, les malformations du squelette (scoliose ou autres), les maladies rhumatismales, les suites opératoires…

2) Les maladies neurologiques :
la maladie de Parkinson, les maladies inflammatoires du système nerveux (la sclérose en plaques), les névralgies, les accidents vasculaires cérébraux (hémorragique ou ischémique), le traumatisme crânien, les paralysies (tétraplégie, paraplégie, hémiplégie…), les traumatismes médullaires, les myopathies, les neuropathies périphériques, la polyradiculonévrite aigue ou chronique, la sclérose latérale amyotrophique, les maladies congénitales…

3) Les maladies respiratoires :
la broncho-pneumopathie obstructive

4) Les maladies cardiaques :
l’artériopathie des membres inférieurs (maladies des vaisseaux des membres inférieurs), l’insuffisance coronarienne, l’infarctus du myocarde…

5) Certaines maladies uro-gynécologiques :
anomalies urinaires, pelviennes, menstruations douloureuses….

Qu’elles sont les techniques de rééducation ?

A) L’électrothérapie ou l’électrostimulation:

L'électrothérapie est une technique médicale qui emploie de l’électricité dans un but thérapeutique.

Elle permet de soulager les douleurs aigues ou chroniques, améliorer la mobilité et les performances articulaires et musculaires, induire une relaxation des structures musculaires et péri-articulaires, améliorer la circulation sanguine…

L'électrothérapie est utilisée pour stimuler les nerfs et les muscles. Les nerfs du corps humain sont subdivisés en deux types : les nerfs moteurs (qui achemine le message nerveux du cerveau aux muscles) et les nerfs sensitifs (sensation de chaleur / froid, le toucher…). La stimulation des nerfs moteurs est utilisée à des fins de réhabilitation tandis que la stimulation des nerfs sensitifs est utilisée pour avoir un effet antidouleur. Pour la stimulation directe du muscle, elle est réalisée lorsque la fibre nerveuse motrice est rompue et ne permet pas une électrostimulation neuromusculaire classique.

L’appareil d'électrothérapie est un générateur qui peut produire plusieurs types de courant adaptés à différentes applications sous formes d’impulsions électriques tout en imitant l’influx nerveux. Parmi ces applications : la stimulation du muscle sain, le traitement antidouleur, la stimulation du muscle dénervé ….selon la maladie, le médecin physique utilise une intensité bien déterminée.

L’électrothérapie ne peut pas être utilisée chez les sujets porteurs de pacemaker, les femmes enceintes, les épileptiques, les personnes qui souffrent d’importants troubles circulatoires de type artériel et il est interdit d’utiliser cette technique au niveau du ventre des sujets porteurs d’une hernie abdominale….

Le médecin physique est le plus apte à indiquer une électrothérapie.

Cette technique est utilisée dans le traitement de certaines maladies dont on cite quelques exemples :

1) Les douleurs d’origine nerveuse : neuropathies, radiculalgies, douleurs d’amputation, zona, lésions nerveuses,….
2) Les douleurs d’origine ostéo-articulaire, musculaire, ligamentaire et tendineuse: douleurs musculaires traumatiques, fracture, arthrose, cervicarthrose, lombago, lombosciatalgie, polyarthrite rhumatoïde, fibromyalgie, algodystrophie, tendinite…etc.

B) L’ultrasonothérapie :

Ces ondes (le son) produit lors de leurs propagation une modification des caractéristiques physiques des tissus rencontrés. L'ultrasonothérapie consiste donc à traiter certaines maladies par l'application d'ultrasons sur certaines parties souffrantes du corps

En effet, l'utilisation d'ultrasons consiste à amener en une zone précise du corps humain des vibrations (ondes) capables d'engendrer un effet mécanique et/ou thermique

Effet thermique : les molécules des tissus traversés par ces ondes entrent en frottement, libérant ainsi un effet de chaleur. Cet effet permet l’amélioration des échanges intracellulaires par phénomène de cavitation qui consiste à transformer un milieu liquide en milieu gazeux. L'effet thermique du traitement par les ultrasons favorise donc les échanges pour un effet drainant ainsi qu’une amélioration des échanges métaboliques.

Effet mécanique: les molécules des tissus traversées par ces ondes vont perdre leur position d'équilibre entraînant ainsi des microcoupures, des micro-dislocations de tissus et des micro-massages. Cet effet permet la lutte contre la contracture et assure l’assouplissement des zones fibreuses …

Cette technique a d’autres actions :
a) Action antidouleur (musculaire, articulaire, nerveuse, cutanée …)
b) Action défibrosante
c) Action décontracturante
d) Action anti-inflammatoire
e) Action anticellulite
f) Action favorisante sur le déroulement de la circulation sanguine
f) Action facilitatrice sur la diffusion des substances thérapeutiques à travers la surface cutanée (sonophorèse)

En effet, les ultrasons sont utilisés dans le traitement :
a) Des hématomes
b) Des tendinites (inflammation des tendons)
c) L’arthrose
d) L’hémiplégie
e) La cicatrisation
f) La maladie de Raynaud
g) La maladie de Dupuytren
Il existe d’autres utilisations de l’ultrasonothérapie, ce qui a été cité est à titre indicatif et non exhaustif.

Dans certaines situations, l’utilisation de l’ultrasonothérapie n’est pas permise comme :
a) Chez les personnes souffrantes de tuberculose évolutive
b) Chez les personnes souffrantes de maladies cancéreuses
c) Chez les personnes qui ont bénéficiée d’une greffe d’organe
D) Chez la femme enceinte
On note aussi que l’utilisation des ultrasons est interdite près du cerveau, de la moelle épinière et des organes génitaux.

C) Le traitement par l’infra-rouge :

L’infra-rouge est utilisé pour soigner certains types de douleurs et des anomalies musculaires. Les faisceaux d’infrarouges sont délivrés à l’aide d’une lampe infrarouge. La lampe d’infra-rouge représente, entre autres, une source de chaleur. L’infra-rouge comme moyens thérapeutique contribue à l’activation de la circulation sanguine et à la diminution des douleurs. Cette technique est contre indiquée en cas de déchirure, d’élongation….

D) La cryothérapie :

La cryothérapie : c’est la thérapie par le froid.

En d’autres termes, c’est l’exposition d’un patient à des températures allant de –120°C jusqu’au –140°C durant 1 à 3 minutes. Cette exposition provoque chez le patient des effets biochimiques et hormonaux qui améliorent sa capacité à lutter contre la douleur. De plus, la cryothérapie est considérée comme étant un puissant stimulateur psychique.

La cryothérapie corps entier permet l’élimination de la sensation de fatigue, l’assouplissement des muscles tendus, l’amélioration de la circulation sanguine, la lutte contre les gonflements par son effet anti-inflammatoire, la stimulation de la cicatrisation….

La cryothérapie ne représente pas à elle seule une thérapie à but curatif mais une thérapie d’appoint qui s’intègre dans un projet de soins

Il existe deux types de cryothérapie corps entier :

a) Le premier type :
il consiste en une utilisation ponctuelle d’une cabine de cryothérapie dans le cadre d’un programme de remise en forme après un entraînement ou un effort physique quelconque…

b) Le deuxième type :
il consiste en une succession quotidienne ou bi-quotidienne de plusieurs séances de cryothérapie corps entier sans excéder 21 jours avec trois mois d’arrêt entre chaque cycle : c’est la cryothérapie complète.

La cryothérapie est considérée comme étant un excellent complément dans le traitement de certaines affections neurologiques, ostéo-articulaires. C’est une aide très efficace à la rééducation de patients qui présentent une spasticité musculaire prononcée et /ou de grandes douleurs. Elle est utilisée également en médecine du sport. En effet, elle permet de réduire la période de récupération des sportifs qui ont subi des traumatismes ou qui souffrent des douleurs persistantes ou récurrentes ….

E) La balnéothérapie et la thalassothérapie :

La balnéothérapie : c’est l’ensemble des soins effectués par des bains ou par des remous.
Ces bains peuvent être faits par l’eau de mer, l’eau douce, les algues ou la boue.
Ces bains peuvent être assurés aussi par les rayons solaires, les rayons infrarouges et les ultra-violets
Le bain avec l’eau de mer est appelé : la thalassothérapie
Le bain avec l’eau douce est appelé : balnéothérapie
Le bain avec les eaux minérales est appelé : cure thermale ou la crénothérapie
Le bain avec la boue est appelé : fangothérapie (enveloppements de boues)
Le bain avec le sable est appelé : psammothérapie
Le bain avec les algues est appelée algothérapie
Au cours d’une cure thermale, le corps est immergé dans une baignoire et reçoit des jets d'eau de température et d'intensité variables selon l'effet recherché.

La balnéothérapie a de multiples bienfaits comme :
a) Stimulation de la circulation sanguine
b) Suppression de la congestion interne
c) Stimulation du tonus musculaire
d) Stimulation des mécanismes de la digestion
e) Faciliter l’élimination des toxines
f) Soulager les douleurs musculaires et articulaires d’origine post-traumatiques ou rhumatismales (myalgie, arthralgie, cervicalgie, dorsalgie, lombalgie)
g) Traiter les sinusites (inflammation des sinus) et les bronchites (inflammation des bronches)
h) Diminuer la recrudescence des signes de l’asthme et de l’allergie
k) Améliorer l’humeur générale
La balnéothérapie est contre indiquée pour les personnes qui ont les antécédents suivants : maladies cardiovasculaires, l’hypertension artérielle, phlébite, une maladie contagieuse…

F) Le traitement par les ondes de choc radiales :

Les ondes de choc radiales sont délivrées par un système pneumatique portant un piston martelant la peau et les structures sous-jacentes. Ces ondes agissent sur les tissus aux manières des massages selon un plan transversal. Cette technique est utilisée dans le traitement des fractures dites de fatigue, de l’aponévrosite plantaire (inflammation de l’aponévrose de la plante du pied), des tendinopathies qui ne s’améliorent pas par le traitement médicamenteux…

Enfin, le médecin physique peut être ramené à prescrire des médicaments (antalgique, anti-inflammatoire, myorelaxant, tonifiant…) sous forme de comprimé, de gel ou d’injection…..

Il peut prescrire aussi le port de dispositifs médicaux (canne, orthèse, attelle, minerve, une chaise roulante…)

La prescription de dispositifs médicaux est généralement faite après discussion avec le chirurgien orthopédiste ou le neurologue ou le rhumatologue qui assure la prise en charge du patient en question…

Qu’est-ce que la rééducation cardiaque ?

La réadaptation cardiaque est un ensemble de soins réalisé au sein d’un centre spécialisé ayant pour objectif de restaurer voire même d’augmenter les capacités physiques d’un malade ayant une maladie cardiovasculaire et de diminuer le risque cardiovasculaire. Elle repose sur le réentraînement à l’effort sous contrôle médical

La réadaptation cardiaque est destinée pour les personnes qui ont eu un accident cardiaque (un infarctus de myocarde) ou ayant bénéficié d’une opération (un remplacement d’une valve cardiaque, une greffe cardiaque, des pontages coronaires) à fin récupérer ses capacités antérieures.

La rééducation cardiaque entre dans le cadre d’une prise en charge globale comprenant l’éducation du patient (contrôle des facteurs de risque), le traitement et la rééducation.

Cette rééducation peut se faire selon le mode ambulatoire ou en hospitalisation.